À l’heure où le Président de la République Emmanuel Macron a acté la relance de la filière nucléaire afin d’accélérer notre transition écologique, j’ai souhaité visiter le laboratoire de Bure, dans lequel sont menées les recherches à propos du stockage des déchets radioactifs en profondeur.
En effet, si le nucléaire présente l’avantage de produire une énergie décarbonée, peu chère, disponible toute l’année et indépendante, la question de la gestion des déchets radioactifs reste pour l’heure pas reçue de réponse réellement satisfaisante.
C’est pourquoi il a été décidé, lors du vote de la loi « Bataille » de 1991, de mener des recherches relatives à la possibilité de stocker ces déchets à une profondeur suffisamment importante pour mettre à l’abri tant l’humain que l’environnement des radiations émises. Du résultat de ces travaux dépendra ensuite l’autorisation de construction du projet « Cigéo », le Centre industriel de stockage géologique prévu quelques kilomètres plus au nord de l’actuel laboratoire.
Ces recherche sont conduites par l’ANDRA, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui construit et exploite depuis l’an 2000 le laboratoire de Bure, à cheval sur la Meuse et la Haute-Marne. L’installation, d’une profondeur de 500 mètres et comprenant 2 kilomètres de galeries, a été implanté dans ce site pour son sol argileux, particulièrement propice au projet mené.
Afin de comprendre au mieux les enjeux dont il est ici question, je me suis donc rendu sur ce site le lundi 10 janvier 2022, pour visiter les installations et échanger avec les personnels de l’ANDRA sur les tenants et les aboutissants du projet. Car les éléments à prendre en compte sont nombreux :
- Nature du sol et anticipation de son évolution sur le temps long.
- Forage des galeries de stockage et robustesse des installations souterraines.
- Sécurité des personnes travaillant sur le site.
- Impact de la radioactivité sur la roche, les installations ainsi que les contenants de stockage.
- Surveillance du site et de son évolution à court, moyen et long termes.
- Protection des habitants vivant aux alentours et de l’environnement.
- Conditionnement et transport des déchets radioactifs jusqu’à la zone de stockage.
- Réversibilité du projet.
- Conservation et transmission dans le temps long des informations relatives au site d’enfouissement.
La parfaite connaissance de tous ces paramètres explique le temps nécessaire aux recherches, qui durent depuis maintenant 22 ans à Bure. La période actuelle va cependant être déterminante pour l’avenir du stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde : c’est en effet en 2022 que doit être déposée la demande d’autorisation de création du Cigéo, pour une décision attendue en 2025. En cas d’autorisation, la construction du site de stockage pourrait commencer dès 2025, et le stockage à proprement parler en 2035-2040. Le Cigéo continuerait ensuite ses activités de forage, de stockage et de surveillance jusqu’en 2150, date à laquelle, après de multiples examens de l’installation, la fermeture définitive du stockage pourrait être actée.
Il est indispensable que de tels enjeux, qui contribueront à l’orientation de notre politique énergétique et environnementale et nous engageront sur plusieurs générations, soient parfaitement connus des décideurs publics comme du grand public. Je compte pour ma part continuer mon travail sur la politique nucléaire française, en m’intéressant notamment au fonctionnement des centrales nucléaires, aux réacteurs nucléaires de troisième génération (les EPR) ainsi qu’au processus de retraitement des déchets nucléaires.