Présentation de mon rapport sur la stratégie de la France et de l’Europe vis-à-vis de la Chine
Ce mercredi 9 février 2022, j’étais très heureux de présenter devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale les conclusions de la mission d’information consacrée à la stratégie de la France et de l’Union européenne à l’égard de la Chine. Ce rapport est le fruit de près d’un an d’auditions conduites avec ma collègue Bérengère Poletti auprès d’acteurs publics et privés, français et étrangers, impliqués dans les relations avec la Chine.
Deuxième économie mondiale derrière les États-Unis, la Chine ambitionne de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049. Sa montée en puissance dépasse désormais la sphère économique et se déplace sur les terrains politique, culturel, militaire ou encore normatif, la Chine promouvant un modèle foncièrement différent de celui des démocraties libérales occidentales. Cette montée en puissance représente un défi de taille pour la France et l’Europe, agissant comme un révélateur de leurs faiblesses autant qu’une incitation à un sursaut.
Le poids acquis par la Chine, associé à une projection croissante sur la scène internationale, la place « au carrefour de nombreux enjeux de notre politique étrangère et commerciale », et provoque « une prise de conscience des déséquilibres dans nos relations bilatérales ». Une tendance renforcée par l’exacerbation de la rivalité sino-américaine et le basculement du centre de gravité mondial vers l’Asie, alors même que la France, en tant que puissance indopacifique, dispose de nombreux intérêts dans la zone.
Outre l’important déficit commercial de la France et de l’Europe vis-à-vis de la Chine, ce déséquilibre se traduit également par « une dépendance problématique à certains approvisionnements stratégiques, un manque de réciprocité dans de nombreux secteurs et, de manière plus générale, une incapacité de l’Union européenne à défendre efficacement ses intérêts et ses valeurs ».
La Commission européenne a adopté dès mars 2019 une stratégie commune, décrivant la Chine à la fois comme un partenaire de négociation, un concurrent économique et un rival systémique.
Si l’exigence de rééquilibrage et de réciprocité passe aujourd’hui par l’adoption d’une série d’instruments de défense commerciale au niveau européen, elle doit couvrir tous les domaines de nos relations bilatérales, avec une intensification de notre diplomatie culturelle, mais aussi une meilleure compréhension mutuelle entre l’Europe et la Chine.
Elle suppose en outre de renforcer la cohésion et la cohérence européennes, érigées en objectifs prioritaires par les co-rapporteurs. « L’Europe doit assumer son rôle géopolitique et suivre sa propre voie, sous peine de subir les dommages collatéraux de la rivalité entre la Chine et les États-Unis ». Parmi les recommandations figurent ainsi la mise en place d’une Task Force européenne dédiée à la Chine, ainsi que l’accroissement et la mutualisation des capacités de recherche consacrées à l’analyse de la Chine contemporaine.
Avec Bérengère Poletti, nous avons présenté au total près de 50 recommandations déclinées en 5 thèmes (questions stratégiques, économiques et commerciales, coordination et solidarité européennes, diplomatie culturelle et d’influence, connaissance mutuelle, aide publique au développement et sujets multilatéraux), partageant l’objectif de mieux défendre nos intérêts et nos valeurs face à la Chine, tout en maintenant de nombreuses voies de dialogue ouvertes.
Je vous invite à découvrir ce rapport dans son intégralité sur la page de la mission de l’Assemblée nationale.
Et vous pouvez retrouver une synthèse du rapport en suivant ce lien.