Élection de Joe Biden : quelles conséquences sur la diplomatie de la France à l’égard de la Chine ? 

Élection de Joe Biden : quelles conséquences sur la diplomatie de la France à l’égard de la Chine ? 

 

 

Ce mardi 9 mars 2021, le Groupe d’amitié France – Chine, que je préside, organisait conjointement avec le groupe d’amitié France – États-Unis une table-ronde dédiée aux conséquences diplomatiques de l’élection de Joe Biden. Plus précisément, il s’agissait d’analyser les répercussions que celle-ci pourrait avoir sur la diplomatie française à l’égard de la Chine, et d’envisager les adaptations qu’elle rendra nécessaires afin d’assurer la pertinence et l’effectivité de notre stratégie vis-à-vis du géant asiatique. 

En 2016, l’élection de Donald Trump annonçait en effet une période de fortes tensions, notamment d’ordre commercial, entre les États-Unis et la Chine. Soucieuse de ne pas en subir les dommages collatéraux et de défendre les intérêts qui lui sont propres, l’Union européenne, notamment sous l’impulsion de la France, s’engageait alors sur la voie de l’autonomie stratégique, voie dont la pertinence a été renforcée depuis le début de la pandémie de Covid-19. 

L’arrivée au pouvoir de Joe Biden vient refermer la page du trumpisme et laisse présager un certain nombre de modifications dans les équilibres mondiaux, à commencer par le retour des États-Unis à la table du multilatéralisme et la consolidation de la relation transatlantique. 

Pour autant, il serait illusoire de penser que l’élection de Joe Biden se traduira par un retour à la situation antérieure à 2016. L’isolationnisme dont a fait preuve Donald Trump a favorisé la montée en puissance de la Chine au sein des instances internationales et du commerce mondial. En outre, la France et l’Europe comptent persévérer sur la voie de l’autonomie stratégique. La nouvelle ligne diplomatique des États-Unis ouvre ainsi une ère marquée par l’incertitude, dans laquelle la France comme l’Europe vont devoir trouver leur place au plus vite. 

Tel était donc l’enjeu de notre table-ronde, durant laquelle nous avons pu profiter des éclairages de nos quatre prestigieux intervenants : 

  • M. Gérard ARAUD, Ambassadeur de France, ancien ambassadeur de France aux États-Unis (2014-2019). 
  • M. Bertrand LORTHOLARY, Directeur d’Asie et d’Océanie au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
  • Mme Sylvie MATELLY, Directrice adjointe de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
  • M. Marc JULIENNE, Chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), responsable des activités Chine au Centre Asie.

Plusieurs éléments de consensus se sont dégagés durant ces échanges. 

Le premier d’entre eux est que l’affrontement entre les États-Unis et la Chine, s’il est amené à évoluer et à changer de forme sous l’ère Biden, n’a pas vocation à disparaître : la confrontation stratégique avec la Chine est l’un des rares sujets faisant l’objet d’un consensus bipartisan entre Démocrates et Républicains aux États-Unis, et même si les relations entre les deux pays devraient être moins rugueuses à l’avenir, ni la nature ni l’intensité de cette compétition ne seront remises en cause. 

Le second concerne l’évolution des relations transatlantiques. Il est plus que probable que Joe Biden cherchera à renforcer le dialogue et la coopération avec les pays européens, passablement affaiblis depuis 2016. Toutefois, si un certain nombre de valeurs, de causes communes et d’intérêts rapprochent l’Europe et les États-Unis, des divergences existent également. Depuis quatre ans, l’Union européenne a su affirmer ses spécificités, renforcer son unité et se doter des outils nécessaires à la défense de ses intérêts. Même si une coopération accrue est nécessaire et bien sûr souhaitable, il ne saurait donc être question d’aboutir à un alignement pur et simple des positions françaises et européennes sur les positions américaines. 

La France et l’Union ont au contraire tout intérêt à poursuivre sur la voie de l’autonomie et à porter haut leur voix à l’international. Cette spécificité se retrouve notamment dans notre position vis-à-vis de la Chine, qui peut se résumer par le triptyque suivant : partenaire, concurrent, rival systémique. 

Nos relations avec la Chine doivent en effet résolument rester d’ordre partenarial, sans quoi nous ne parviendrons pas à affronter certains enjeux mondiaux tels que la lutte contre le dérèglement climatique ou la consolidation du multilatéralisme. Mais ce partenariat n’empêche pas la concurrence, notamment sur le plan économique, concurrence que la France et l’Europe travaillent à rééquilibrer afin de mettre sur un pied d’égalité les entreprises chinoises et européennes. Ces deux aspects de la relation franco-chinoise ne doivent pas non plus masquer la rivalité systémique entre nos deux modèles politiques, que la Commission européenne réaffirme régulièrement. 

C’est donc ce triptyque qui doit structurer notre attitude vis-à-vis de la Chine, tantôt de concert avec les États-Unis, tantôt de manière autonome, mais toujours en ayant pour finalité la défense des valeurs et des intérêts français et européens. 

Je tiens à remercier les participants à ce moment d’échanges pour leur disponibilité ainsi que la grande qualité de leurs interventions. Le format retenu, celui d’une table-ronde réunissant deux des principaux Groupes d’amitié de l’Assemblée nationale, a donné lieu à de fructueux échanges et a fait la preuve de sa pertinence. Guy Teissier, Président du Groupe d’amitié France – États-Unis, et moi-même, sommes donc convenus de réitérer cette expérience, d’autant plus nécessaire que ces débats devront évidemment être régulièrement actualisés au regard des premiers pas de Joe Biden sur la scène internationale et des orientations que prendra la diplomatie américaine. 

 

Groupe d’amitié France – Chine : Audition de Jean-Pierre Raffarin

Le groupe d’amitié France-Chine de l’Assemblée nationale que je préside a eu l’honneur de recevoir Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, Représentant spécial du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour la Chine et Président de la Fondation Prospective et Innovation. Sa connaissance et son expérience de la Chine en font l’un des témoins privilégiés de l’évolution de ce pays, et c’est donc pour cette raison que nous avons souhaité que la première audition de la rentrée du Groupe d’amitié France-Chine lui soit consacrée.

Après avoir rappelé les relations privilégiées que Jean-Pierre Raffarin a noué avec la Chine tout au long de sa vie, j’ai tenu à l’interroger sur trois aspects :

  • Tout d’abord sur l’évolution historique des liens qui unissent la France et la Chine, dans le but de nous éclairer sur l’état actuel des relations entre ces deux pays. Je l’ai également interrogé sur l’appartenance de la France à l’Union Européenne, et la façon dont cette dernière a pu modifier nos relations avec la Chine.
  • Ensuite sur la place de la Chine dans l’échiquier politique mondial qui n’a eu de cesse d’évoluer, notamment depuis qu’elle est sortie de son isolement politique dans les années 70. Aujourd’hui la Chine se retrouve au cœur de nombreuses tensions, avec les États-Unis d’une part, mais également dans la Mer de Chine méridionale.
  • Enfin, sur le plan économique, la Chine est parvenue à devenir un acteur incontournable pour la quasi-totalité des pays du monde. Bien souvent surnommée l’« usine du monde », cette situation a créé de nombreuses dépendances, qui se sont notamment illustrées durant la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, de nombreux pays, dont la France, souhaitent retrouver leur souveraineté nationale et prendre leur distance vis-à-vis de la Chine. J’ai souhaité l’interroger sur ces phénomènes de relocalisation, et notamment sur leur viabilité sur le long terme. D’autre part, la Chine affiche depuis quelques années la volonté de réorienter sa politique interne vers sa consommation intérieure. J’ai souhaité connaître son point de vue sur les conséquences que ce changement de cap pourrait avoir sur nos économies.

Suite à cette introduction, Jean-Pierre Raffarin est revenu sur l’historique des relations qui unissent la France et la Chine. Les Députés présents ont ensuite pu l’interroger sur de nombreux sujets, tels que le conflit entre les États-Unis et la Chine, et le rôle que devait jouer la France dans ces tensions, mais également sur le rôle de la diplomatie culturelle, sur la présence accrue de la Chine en Afrique et ses conséquences, ou encore sur Taïwan.

Au nom du groupe d’amitié, je souhaite encore une fois remercier Jean-Pierre Raffarin pour sa présence ainsi que pour la qualité des échanges qui se sont révélés précieux et éclairants.

Rencontre du Groupe d’amitié France-Chine avec l’Ambassadeur Lu Shaye

Les membres du Groupe d’amitié France-Chine étaient conviés à un déjeuner le 8 juillet par l’Ambassadeur de Chine, Son Excellence Monsieur Lu Shaye.

L’épidémie du coronavirus avait mis un temps d’arrêt aux échanges réguliers du Groupe d’amitié et de l’Ambassadeur, ce déjeuner a donc été l’occasion de nous retrouver et de pouvoir évoquer tous ensemble des sujets concernant nos deux pays mais également la situation internationale.

Ces échanges ont été très riches et ont permis aux membres du Groupe d’amitié de pouvoir faire part de leur sentiment et de leurs interrogations sur la conjoncture mondiale. Et les sujets abordés au cours de cette rencontre ont été nombreux : nous avons tout d’abord évoqué les relations entre la Chine et la France, ainsi que la gestion de la crise sanitaire. Les Députés ont également interrogé l’Ambassadeur sur la diplomatie des masques, les enjeux liées à la 5G et Huawei, la situation à Hong Kong ou encore la façon dont l’Ambassadeur entend mener le reste de son mandat.

Au nom du groupe d’amitié France-Chine, je tiens encore une fois à remercier l’Ambassadeur et ses équipes pour leur accueil et pour ces fructueux échanges.

 

Visite d’Etat du Président de la République en Chine – Novembre 2019

Visite d’Etat du Président de la République en Chine – Novembre 2019

 

Pour la deuxième fois depuis le début du quinquennat, le Président de la République Emmanuel Macron a effectué, du 3 au 6 novembre, une visite d’Etat en Chine. Une visite placée sous le signe du renforcement de l’amitié franco-chinoise, marquée par un dialogue franc et soutenu avec le Président chinois Xi Jinping, et qui aura abouti à de nombreux accords de coopération.

En ma qualité de Président du Groupe d’amitié France-Chine de l’Assemblée nationale, j’ai eu l’honneur d’accompagner le Président de la République et de participer à ces trois jours d’échanges, à Shanghai et à Pékin. En voici les principaux enjeux et résultats.

Le renforcement des relations franco-chinoises dans le cadre d’une approche européenne unie

Dès son élection, le Président de la République a fait de la relation entre la France et la Chine l’un des piliers de sa politique étrangère. Lors de sa première visite en janvier 2018, il avait exposé sa vision de nos relations bilatérales, et une feuille de route conjointe avait pu être établie avec nos partenaires chinois.

Alors que la France et la Chine ont fêté en 2019 le 55ème anniversaire de leurs relations diplomatiques, cette seconde visite a été l’occasion d’approfondir ces coopérations, notamment dans les domaines diplomatiques, économiques, culturels et environnementaux. Elle a également permis de concrétiser un peu plus encore l’ambition des pays européens de développer une approche unie dans leur dialogue avec la Chine, comme en témoigne la présence aux côtés d’Emmanuel Macron de Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture, et de Anja Karliczek, ministre de l’Éducation allemande.

L’enjeu pour la France lors de cette visite d’Etat était notamment :

  • De porter un message de défense du multilatéralisme et d’approfondir nos relations commerciales, sur une base d’équilibre et de réciprocité.
  • D’afficher l’unité européenne dans le dialogue avec notre partenaire chinois.
  • De renforcer davantage encore notre partenariat culturel.

 

Les moments forts de la visite

La visite s’est déroulée en deux temps, d’abord à Shanghai puis à Pékin. 

A Shanghai, Emmanuel Macron s’est d’abord rendu à la Foire des importations, grand rendez-vous dont la France était cette année l’un des invités d’honneur, avec 70 entreprises tricolores présentes. L’occasion de faire la démonstration de l’excellence des producteurs français, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire. Le Président a ensuite inauguré, mardi 5, le Centre Pompidou de Shanghai, première antenne du musée parisien à voir le jour hors d’Europe.

Des entretiens plus formels se sont enfin tenus à Pékin, mercredi 6, avec Xi Jinping. L’occasion d’aborder concrètement les grands volets de nos partenariats bilatéraux ainsi que d’avancer sur un agenda euro-chinois pour le climat et la biodiversité.

 

Les principales avancées permises par cette visite

Cette visite en Chine a permis de nombreuses avancées pour la France et l’Europe, tant du point de vue diplomatique qu’économique, culturel et scientifique.

Sur le plan politique, Emmanuel Macron et Xi Jinping ont notamment réaffirmé leur attachement commun au multilatéralisme ainsi qu’à ses instances, au premier rang desquelles l’ONU et l’OMC. Ils ont en outre rappelé, lors de « l’Appel de Pékin« , leur soutien aux Accords de Paris de 2015 sur le climat, et créé les conditions propices à la réussite de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra en Chine fin 2020.

Sur le plan économique, de nombreux contrats ont été signés, pour un total de 13,6 milliards d’euros, principalement dans les domaines de l’agriculture, de l’aéronautique, de l’énergie et de l’environnement. Des avancés majeures ont été actées, telles que :

  • La signature d’un accord UE – Chine protégeant les indications géographiques protégées (IGP) pour 200 produits, dont 26 produits français (essentiellement des vins, spiritueux et fromages).
  • L’agrément de 20 entreprises agroalimentaires françaises, qui seront rapidement suivies de 40 autres, permettant à nos producteurs d’exporter jusqu’à 400 000 tonnes de bœuf par an en Chine.
  • La signature d’un accord sur le zonage de la production française de porc, permettant ainsi de sécuriser les exportations de cette filière vers la Chine.
  • La création d’une coopération entre Engie et une entreprise chinoise pour des investissements dans les énergies nouvelles d’un montant de 1,3 milliard d’euros.

Les discussions entre nos deux pays ont en outre progressé en vue de la construction par Orano d’une usine de recyclage de combustible nucléaire usagé en Chine, dont le montant est évalué à plus de 20 milliards d’euros.

 

Conclusion : une relation à cultiver au quotidien

Cette seconde visite d’Etat en Chine, huit mois après la venue de Xi Jinping en France, a donc été particulièrement fructueuse. Elle aura permis de confirmer la grande qualité du dialogue entre la France et la Chine, ainsi que notre capacité à avancer ensemble sur les nombreux enjeux de nos relations bilatérales. Elle aura enfin permis à l’Union européenne de concrétiser un peu plus encore sa volonté de parler d’une seule voix avec la Chine, et ainsi d’être en mesure de négocier d’égal à égal avec ce partenaire incontournable de nos relations internationales.

Mais le dialogue franco-chinois se doit d’être incessant, même si les moments tels que cette visite d’Etat en constituent les temps forts. C’est tout le sens que je donne au Groupe d’amitié France-Chine de l’Assemblée nationale : maintenir une diplomatie parlementaire soutenue avec nos homologues chinois, basée sur la franchise et la confiance, afin de continuer à construire l’amitié et la coopération franco-chinoise

 

Rencontre avec Son Excellence Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France

Hier soir, le groupe d’amitié France-Chine recevait pour la première fois le nouvel ambassadeur de Chine en France, Son Excellence Lu Shaye, arrivé en poste depuis maintenant trois mois. Certains députés du groupe d’amitié avaient déjà eu l’occasion de le rencontrer, lors de la dernière réunion de la Grande Commission France-Chine en juillet dernier à Pékin.

Cette première rencontre entre l’ambassadeur et les députés a été l’occasion d’aborder de nombreux sujets et problématiques. Nous avons discuté de thématiques communes à nos deux pays, comme la culture et l’économie, qui témoignent de la nécessité pour nos deux pays de travailler en bonne intelligence.

Nous avons également évoqué des sujets plus délicats sans tabou, comme la situation à Hong Kong ou le respect des droits de l’Homme.

Cette rencontre a été un franc succès, et c’est avec grand plaisir que nous recevrons de nouveau Monsieur Lu Shaye à l’Assemblée nationale. La diplomatie parlementaire a toujours été riche et vivante entre la France et la Chine, et je souhaite que cela continue à l’avenir.