
Un mémorial pour les victimes des Khmers rouges inauguré à Paris

Plus de quarante ans après le génocide perpétré par les Khmers rouges, les membres de la communauté cambodgienne à Paris ont inauguré une stèle en souvenir du drame, ce 17 avril. Une manière d’entreprendre un travail de mémoire longtemps repoussé.
Les descendants des réfugiés cambodgiens ne sont, quant à eux, pas toujours bien au courant du traumatisme vécu par leurs aînés. « Je m’en suis rendu compte en 2011, à l’occasion de la projection d’un documentaire, suivie d’un débat sur le sujet, se rappelle le député Buon Tan. À la fin, des jeunes, qui devaient avoir la vingtaine, étaient en pleurs. Leurs parents ne leur avaient jamais parlé de ce qu’ils avaient vécu là-bas. Ce mémorial doit être un prétexte pour en parler car si nous ne faisons pas ce travail maintenant, nous n’aurons bientôt plus de témoignages. »
Pas une seule allusion n’y a été faite lors de la cérémonie. « Nous n’avons pas voulu que ce mémorial soit un objet politique, justifie Buon Tan. Qui plus est, la question de la mémoire au Cambodge est assez complexe. Le dirigeant est un ancien Khmer rouge, mais qui était allé demander l’aide du Vietnam pour libérer le Cambodge. À la libération en 1979, il y a eu une forme d’accord tacite avec un pardon général, pour éviter une nouvelle guerre civile. Cet accord a implicitement imposé qu’on n’évoque plus ces sujets-là. Ce qui fait qu’aujourd’hui encore, il y a des situations difficiles, avec des bourreaux qui vivent dans les mêmes villages que leurs victimes. »